Accéder à des espaces de loisir à Cotonou (Bénin) : entre résilience et informalité urbaine

Résumé

Dans un contexte marqué par la rareté des espaces publics de loisir dans les villes africaines, cette étude examine les lieux investis par les jeunes à des fins récréatives dans la ville de Cotonou (Bénin). Elle s’interroge sur les types d’espaces et les dispositifs que ces jeunes mobilisent pour pratiquer leurs activités de loisir, ainsi que sur les formes d’aménagement qui en découlent. L’objectif est de décrire et de catégoriser ces espaces afin de fournir une base empirique utile à la compréhension des usages sociaux et urbains qui s’y déploient. S’appuyant sur une approche qualitative combinant observation directe et analyse documentaire, la recherche dresse un inventaire des espaces informels de loisir recensés dans les treize arrondissements de la ville entre 2023 et 2025. Les données recueillies mettent en lu-mière la diversité des sites utilisés : terrains vacants, rues, abords de plage, espaces sous pylônes électriques ; ainsi que les formes d’aménagement réalisées, souvent rudimentaires mais socialement investies. L’analyse, fondée sur la notion de droit à la ville (Lefebvre, 1968 ; Kébé-Gangneux, 2016), montre que, face aux limites des politiques publiques, les jeunes exercent concrètement ce droit en transformant les interstices urbains en lieux de sociabilité et de loisir. L’informalité, envisagée comme capacité d’organisation et de réponse aux défaillances du système formel, révèle ici une créativité spatiale et une production citoyenne de la ville « par le bas ». Ces pratiques, au-delà du ludique, participent à la construction du lien social et à l’affirmation d’une citoyenneté urbaine active.