Au-delà de difficultés manifestes, que nous enseignent les villes nouvelles ? Une approche systémique à partir du cas marocain

Résumé

Les projets de villes nouvelles se multiplient aujourd’hui dans les Suds. Ils offrent un double visage : d’un côté, celui des éco-cités vertes et intelligentes qui ciblent une classe moyenne urbaine émergente, largement idéalisée, et cherchent à attirer activités économiques à forte valeur ajoutée et investissements internationaux ; de l’autre, celui des gigantesques quartiers dortoirs construits au milieu de nulle part, composées de logements économiques destinés à des ménages modestes.  Avec des initiatives aussi contrastées que la très médiatisée Eco-cité Zenata et les villes nouvelles du programme national lancé en 2004, le Maroc est dans l’air du temps. Une approche systémique commune de ces projets permet de montrer que les faibles performances de la maîtrise d’ouvrage à l’échelle des territoires constituent un élément central pour comprendre les résultats de ces villes nouvelles et les difficultés qu’elles rencontrent.

Au-delà du cas marocain, l’analyse vaut sans doute pour de nombreux pays émergents ou en développement. Dans des contextes démo-urbains sous tension, les villes nouvelles comme production urbaine volontariste, quel que soit leur type, apparaissent aujourd’hui comme une solution idoine. Mais il s’agit en réalité du choix d’aménagement le plus complexe et exigeant à mettre en œuvre dans le contexte institutionnel, social et politique de ces pays, en raison de la prégnance de logiques d’urbanisme de rattrapage résolument sectorielles et des difficultés existantes en matière de gouvernance et d’action publique territoriale.